Mon Village

Amélioration de la SECURITE ROUTIERE à GOYRANS en PARTICIPATION CITOYENNE
Plan d’actions
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* Enregistrements flux et vitesse à demander au Sicoval et au Département
Enregistrements demandés et faits en fin d’années 2024.
Les résultats sont arrivés en Février 2025
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* Analyse des enregistrements faits
Analyse des résultats faite par le groupe sécurité routière composés d’élus.
Analyse mise en forme pour présentation à la RP
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* Organisation Réunion Publique pour présenter ces résultats
Réunion Publique SECURITE ROUTIERE à participation citoyenne organisée le Mardi 3 Juin 2025.
Mr MADAMOUR du SICOVAL a accepté de jouer le rôle de l’animateur.
Réunion Publique duMardi 3 Juin 2025
Planches présentées à la RP

Conseil Municipal du 12 mai 2025

Réunion Publique à participation citoyenne sur le thème de la Sécurité Routière le 3 Juin 2025
à venir

Réunion Publique Antenne avec FREE et l’avocate de la Mairie le jeudi 3 Septembre 2024

Réunion Publique « Modification du PLU 2024 » le 11 Juin 2024

Réunion Publique « Organisation de la Maison Pour Tous » le 6 Juin 2024

Réunion Publique « Présentation du projet ALAE en collaboration avec Aureville et Clermont » le 21 Mai 2024 à Aureville
Réunion Publique « Sécurité village » avec la Gendarmerie le 26 mars 2024

Ouvrir la présentation de la Gendarmerie
Réunion Publique de mi-mandat le 29 Février 2024
Réunion Publique « zones ZAENR pour Goyrans » le 18 Janvier 2024
Réunion Publique « Antenne free après le référé » du 13 Décembre 2023
Invitation de l’avocate de la Mairie pour répondre aux questions des administrés.
Réunion Publique « Maison Pour Tous » n°2 du 20 Octobre 2022
Une réunion publique a été organisée le jeudi 20 octobre 2022 à 20h30 à la salle des fêtes pour vous présenter l’état d’avancement du projet de construction de « la Maison pour Tous » au centre du village.
En particulier, les résultats du concours d’architecte et le projet retenu ont été, l’avancement des études (avant-projet, permis de construire) et le planning de réalisation ont été présentés.
Réunion Publique « Maison Pour Tous » n°1 du 17 Février 2022
Une réunion publique a été organisée le jeudi 17 février 2022 à 20h30 à la salle des fêtes pour présenter et discuter les idées d’aménagement du centre du village et le projet de construction de la Maison pour Tous.
Réunion Publique « Modification simplifiée du PLU » – construction orée des Coteaux du 6 Octobre 2020

Salam Cassaïs d’ISALGUIER : une princesse noire au pays de Cocagne au début du XVème siècle
L’illustre famille toulousaine des Isalguier appartient aussi à l’une des principales dynasties seigneuriales de Goyrans .
Du XIII° siècle jusqu’au début du XVI°, les Isalguier de Toulouse occupent l’un des premiers rangs dans la capitale du Languedoc. Le Capitoulat, qu’ils exercent près de 50 fois en 200 ans, les a anoblis et en outre ils sont les incontournables argentiers des rois.
Quoiqu’il en soit, le parcours historique de la famille est riche à tout point de vue :
– riche de ses biens, principalement financiers, octroyés par la royauté française qui la récompense de sa fidélité ;
– riche ensuite de ses alliances avec de grandes et puissantes familles originaires du sud-ouest ;
– riche enfin de personnages mythiques et d’anecdotes souvent révélatrices d’épisodes inavoués.
Leur nom a été illustré par l’histoire romanesque et peut-être légendaire d’Anselme d’Isalguier ou la légende du maure. Ce noble toulousain a découvert le Niger au début du XV° siècle et ramené de Goa jusqu’au bord de la Garonne une princesse noire.
Le départ pour la grande aventure : histoire ou légende ?
En 1402, Anselme d’Isalguier part pour l’Afrique. Or, à la même date, le normand Jean de Béthencourt, en compagnie du poitevin Gadifer de la Salle, entreprend la conquête des Canaries, alors appelées Îles Fortunées.
Ces derniers sont accompagnés de leurs gens, mais aussi de Béarnais et de Bigourdans. Après des infortunes diverses, l’expédition aboutit enfin et ces îles passent sous la domination des Normands avec entre autres conséquences, l’extermination des indigènes d’origine berbère. Il n’est pas impossible que quelque cadet de grande famille toulousaine, comme celle des Isalguier, se soit joint aux autres méridionaux pour participer à l’aventure.
Par ailleurs, 1405, année où Anselme d’Isalguier arrive à Gao, est la date du débarquement de Béthencourt sur les côtes d’Afrique où, après un vif engagement, il capture une caravane de Maures. Peut-être Isalguier est-il parmi eux ? Et, au lieu de revenir aux Canaries, s’est-il enfoncé vers le centre de l’Afrique ? Hypothèse sans doute, mais hypothèse plausible. Isalguier arrive à Gao au moment le plus brillant de l’empire Songhaï.

Autour de Gao
Évoquée à plusieurs reprises dans notre récit, la ville de Gao est située au sud de la boucle du Niger, en Afrique Occidentale, au Mali.
Avant d’être le pays pauvre que nous connaissons aujourd’hui, le Mali fut un empire puissant et riche, créé au XIII° siècle par Soundjata Keita. Gao, capitale de l’empire Songhaï, est acquise à l’islam.
La richesse de la ville repose alors sur sa localisation : située sur les rives du fleuve Niger, elle est le point de départ ou d’arrivée de la grande piste transsaharienne qui assure la liaison commerciale entre l’Atlantique et la Méditerranée.
La décadence de la cité commence au XV° siècle et se poursuit un siècle plus tard quand elle se trouve soumise au sultan du Maroc.
L’idylle sur les bords du Niger
Anselme se lie d’amitié avec des princes et des grands personnages de ce pays. Une jeune noire d’une grande beauté, appelée Cassaïs ou Salam-Cassaïs lui plaît. Elle est de noble famille, peut-être la fille d’un roi ou d’un grand personnage. En effet , elle porte le même nom « Cassaïs » que la mère d’un prince de Gao. Elle est de religion musulmane et Anselme d’Isalguier doit abjurer sa foi pour l’épouser. C’est, du reste, un très beau parti car elle apporte en dot beaucoup d’or et de pierres précieuses et ces considérations ne sont sans doute pas étrangères à ce mariage.
La passion d’Anselme est partagée et l’idylle continue sur les bords du Niger pendant huit ans.
Le retour et l’épilogue du roman africain
Mais dans ces terres de sommeil et de soleil, sous l’ombre immuable des palmeraies de Gao qu’encercle l’horizon embrasé des steppes nigériennes, malgré tant de satisfactions amoureuses, malgré l’attrait pour cette Afrique inconnue, Anselme commence sans doute à ressentir cruellement la nostalgie des peupliers frémissants de ses ramiers garonnais.
Ah ! la nostalgie ! Notre terre occitane n’est-elle pas si belle et si prenante qu’elle fait même oublier l’amour des sultanes et des filles de roi, ainsi que l’a chanté Mistral dans sa chanson « le Renégat » ?
Et puis, en dépit des éclipses passagères de sa foi, ce chrétien du Moyen Âge est préoccupé du salut et de la conversion de celle qu’il aime, or, en terre d’Islam, cette conversion est impossible.
Dès lors, il prépare son départ mais il rencontre toutes sortes d’obstacles. Un prince noir dont Anselme a gagné l’amitié, ne veut pas le laisser partir, prétendant qu’il en mourrait de chagrin. Il fait comme il a dit et 6 semaines après le départ définitif d’Isalguier, le prince noir tombe dans une si grande mélancolie qu’il en est consumé .
Quoiqu’il en soit, Isalguier a quitté Gao en secret pour traverser la Méditerranée et arriver à Marseille. Il amène avec lui sa femme et sa fille, une charmante petite métisse de 6 ans ainsi que 6 serviteurs songhaïs. Des incidents troublent cette traversée : le navire provençal qui transporte Isalguier et les siens est attaqué par des corsaires mais finalement, ils peuvent en réchapper. Ainsi, après avoir surmonté les périls du désert puis ceux d’une traversée mouvementée, Anselme et sa famille débarquent en 1413 à Marseille, d’où ils gagnent Toulouse.
Notre héro s’installe en pays toulousain avec sa famille et ses serviteurs indigènes
Après leur retour à Toulouse, Salam Cassaïs, sa fille et leurs 6 serviteurs indigènes, 3 servantes et 3 eunuques, se convertissent au christianisme. Au baptême, la petite reçoit le nom de Marthe. On raconte, qu’après son seizième anniversaire, la fille d’Anselme et de la princesse Salam Cassaïs est si bien faite et si jolie qu’aucune jeune fille de Toulouse n’atteint son éclat. Elle est dans l’épanouissement de sa splendeur exotique et cette reine de beauté et de bonté, assez désintéressée, distribue en aumônes aux pauvres tout l’argent qu’elle reçoit de ses parents pour ses toilettes.
Richement dotée, Marthe épouse à 18 ans le chevalier Eugène de Faudoas, jeune homme d’une des meilleures familles de Toulouse. De ce mariage, naît Eustache de Faudoas qui devient plus tard un excellent chevalier. On le surnomme le Maure « lou Maurou » en occitan, en raison de son teint très foncé qui rappelle celui de sa mère.
Il se rend célèbre par sa valeur et son courage et reçoit des commandements importants dans les armées du Roi.
Cet Eustache de Faudoas, petit-fils d’Anselme, a probablement séjourné au château de Pinsaguel. En effet, celui-ci, anciennement propriété de la famille de Berthier et actuellement propriété de la commune de Pinsaguel, appartient pendant plusieurs siècles, durant le Moyen-Âge, aux Isalguier.
Une des tours carrées, située à l’angle de la façade arrière nord de ce château médiéval et subsistant toujours dans l’édifice actuel du XVIII° siècle, comporte une salle voûtée d’ogives datant de la fin du XIII° ou du XIV° siècle. De plus, les armes des Isalguiers aux 5 fleurs d’isalgue (touffe d’iris ) apparaissent sur la clé de voûte.
Or cette tour porte traditionnellement le nom de « Tour du Maure », souvenir soit du hardi voyageur africain, qui a peut-être habité ce château, soit de son petit-fils le Maure de Faudoas.
Anselme d’Isalguier a encore de sa femme Salam-Cassaïs deux autres filles, une blanche et l’autre de teint foncé. Toutes trois entrent au couvent après le décès d’Anselme.
Une autre anecdote pittoresque nous est parvenue
Parmi les serviteurs noirs qu’Anselme a ramenés, l’un d’eux, un eunuque nommé Aben-Ali, posséde un talent médical extraordinaire.
Étonnamment versé dans la connaissance des herbes et de leurs vertus, il guérit les fièvres chaudes et brûlantes. Il a des « simples » une connaissance étendue, au point que sa réputation de guérisseur excite la violente jalousie des médecins de Toulouse.
Une visite royale vient consacrer sa réputation.
En effet, le 4 mars 1419, le dauphin Charles, connu par la suite comme le roi de Bourges et qui fut, grâce à Jeanne d’Arc, sacré à Reims sous le nom de Charles VII, fait son entrée à Toulouse en somptueux apparat. Son arrivée est triomphale, ayant fière allure en cotte d’armes, panache de plumes d’autruche au vent, et étendard déployé sur lequel Saint Michel terrasse le dragon. À cette époque, il dispute aux Anglais la possession de son futur royaume et n’est maître que du centre et du midi de la France.
Or, il tombe bientôt malade d’une fièvre pernicieuse.
Qui lui parle du médecin noir ? Peut-être son premier chambellan, le « chevalier sans reproche », Arnaud-Guilhem de Barbazan, beau frère de Louis de Faudoas. Ce dernier a, avec les Isalguier, les relations les plus étroites, bientôt cimentées par un mariage.
Aben-Ali est mandé et, en 5 jours, il rend la santé au dauphin. Arrivé le 4 mars à Toulouse, le futur roi Charles VII est sur pied pour reprendre, le 9 mars, son périple dans le Midi. Une gratification de 200 écus d’or récompense le médecin de cette « cure historique ». Les cures merveilleuses du médecin noir ont attisé contre lui des jalousies mortelles dans le corps médical de Toulouse. En proie à toutes ces haines, Aben-Ali succombe à l’âge de 73 ans, peut-être empoisonné par ses confrères toulousains.
Les résultats de la 1ère « croisière noire »
Quel que soit l’attrait romanesque de cette extraordinaire aventure africaine et de son épilogue dans le prestigieux Toulouse du XV° siècle, nous devons nous demander dans quelle mesure le voyage de ce toulousain érudit et naturaliste a pu contribuer à enrichir la science de son temps.
En effet, Anselme d’Isalguier a rédigé une relation de son voyage comportant son itinéraire, la liste des États qu’il a traversés, la description du pays et des religions, des mœurs et des coutumes qu’il y a observées. Il y joint un dictionnaire des langues qu’on y parle : l’arabe, le targui et le songhaï qui sont les 3 langues parlées à Gao.
Est-il besoin de signaler l’intérêt prodigieux que présenteraient ces ouvrages s’ils avaient pu nous parvenir, ou si on pouvait un jour les retrouver. Le récit d’Isalguier serait pour l’Afrique médiévale ce qu’est pour l’Extrême Orient le « livre des Merveilles » de Marco Polo. De plus, quelle importance de premier plan aurait pour la philologie africaine un dictionnaire antérieur de 5 siècles aux travaux du Père de Foucauld !
Plusieurs faits historiques expliquent l’oubli dans lequel sont tombés cette exploration et les ouvrages du voyageur toulousain.
Dès la fin du XV° siècle, les grandes découvertes maritimes des Portugais et des Espagnols détournent les esprits loin de l’Afrique Intérieure, vers d’autres pays de l’or. Tandis que les « Conquistadores » livrent à la spéculation européenne les Eldorados du Nouveau Monde, toutes les notions amassées par Isalguier et ses prédécesseurs sur l’Afrique Intérieure tombent dans l’oubli. En effet, au delà de la mince ligne des comptoirs portugais ou hollandais le long des côtes, presque tout l’intérieur du continent africain est laissé en blanc sur les cartes, « Terrae incognitae » jusqu’aux grandes découvertes du XIX° siècle.
Ce que doit à Anselme d’ISALGUIER la reconnaissance toulousaine
Il faut rendre à Anselme d’Isalguier, ce grand voyageur du XV°siècle, le rang auquel il a droit, c’est à dire un des tout premiers parmi les gloires de notre capitale languedocienne.
N’est-ce pas une coïncidence magnifique et pleine de sens que la première page de nos épopées africaines ait été écrite par un occitan, par un toulousain, par un compatriote des troubadours et qu’elle s’ouvre par une idylle d’amour ?
Pour d’autres nations, le premier contact de l’européen, de l’homme blanc avec les civilisations inconnues des continents nouveaux évoque l’image de « conquistadores » cuirassés et casqués, escaladant, la rapière en main, les pentes des Cordillères andines embrasées qui défendent l’accès des pays de l’or ou encore les incursions de puritains forçant, la carabine au poing et la Bible dans l’autre main, les retranchements des derniers Peaux-Rouges, au fond des lointaines prairies du Far-West.
Faire connaître cette histoire serait rendre justice à ce toulousain, explorateur du Mali, du Niger et de l’Empire Songhaï et éviter qu’il tombe à nouveau dans l’oubli.

L’Afrique selon Mercator (Africa 1595)

Le prince noir ravage les coteaux du Lauragais pendant la guerre de Cent Ans ans
La guerre de Cent Ans gagne le pays toulousain
Pendant la guerre de Cent Ans, la région toulousaine n’a été le théâtre d’aucune bataille. Calme et prospère, elle a, certes, souffert du désastre de la Peste Noire entre 1348 et 1351, mais peu après, elle fait figure d’opulente province par rapport à la Gascogne et à la Guyenne qui ont enduré les hostilités entre Philippe VI de Valois, roi de France, et Édouard III, roi d’Angleterre et son vassal pour la Guyenne .

Cette prospérité la désigne comme une proie de choix pour les bandes de pillards et de brigands dont elle subit les raids.
À cette époque, les guerres sont faites par des « Compagnies » appartenant à des professionnels de la guerre, les capitaines, avec lesquels les souverains passent des marchés. Ces chefs, presque tous des gentilshommes en quête d’aventures et hommes de guerre de grande valeur, ne demandent qu’à conduire leurs hommes au combat, à condition d’être très bien payés.
Le capitaine recrute alors ses « gens d’armes », en réalité une foule bigarrée de vagabonds, paysans sans terres, aventuriers attirés par la solde et la perspective d’un butin, et qui, sitôt une paix ou une trêve conclue, se trouvant au « chômage technique », constituent un fléau pour les campagnes car ils continuent à piller, voler, violer et massacrer mais sans plus obéir à aucune autorité militaire, échappant ainsi à tout contrôle.
Une des expéditions les plus meurtrières de la guerre de Cent Ans fut celle que mena, dans notre région, le Prince de Galles et Prince d’Aquitaine, Édouard de Woodstock, dit « le Prince Noir ».

Qui était le Prince Noir ?
Ce nom qui fleure le mystère, il le doit à la couleur de son armure.
En effet, après la victoire de Crécy qu’il remporte en 1346 avec son père, le roi Édouard III d’Angleterre, il aurait commandé à ses sbires, à la nuit tombée, de massacrer les prisonniers français incapables de payer une rançon ! Une sacrée entorse à l’esprit chevaleresque qui lui attire l’ire de son père. Ce serait à la suite de cette forfaiture que le Prince, honteux, aurait revêtu une armure noire.
Seule la tradition orale aurait colporté ce sobriquet de Prince Noir pendant 2 siècles jusqu’à ce qu’il soit désigné ainsi dans une chronique publiée au XVI° siècle.
Descendant d’Aliénor d’Aquitaine, il est par sa grand-mère, Isabelle de France, l’arrière petit-fils du roi de France Philippe IV le Bel et le fils aîné du roi Édouard III d’Angleterre.
Les étapes de l’effrayante chevauchée de 1355 en pays toulousain
Les bordelais et la plupart des grands seigneurs gascons ne souhaitent pas tomber sous l’autorité du roi de France. En reconnaissant le monarque anglais comme leur duc légitime, ils conservent tous les revenus de leurs terres, tandis qu’avec le roi de France pour seigneur, ils deviendraient ses vassaux avec toutes les charges et impôts leur incombant.
Il semble que cette expédition soit motivée d’une part par un désir de revanche des seigneurs gascons qui demandent à Édouard III d’envoyer son fils en Aquitaine « faire le dégât » sur les terres du souverain français afin de les venger des dommages qu’ils ont eux-mêmes subis.
D’autre part, le souverain anglais sait qu’il a tout à gagner à appauvrir une province appartenant au roi de France.
Deux semaines après son arrivée à Bordeaux, le Prince Noir en repart en direction du pays toulousain.

Selon Froissart, dont les chroniques sont à la base de toute l’histoire du Moyen-Age, il est à la tête d’une armée composée d’environ 3 500 chevaliers et archers anglais auxquels sont venus se joindre 3 000 gascons et béarnais commandés par les seigneurs de la région.
Avant d’atteindre les rives de la Garonne, ses troupes ravagent la vallée du Gers. N’ayant pratiquement rencontré aucune opposition armée, les troupes du Prince Noir bifurquent vers l’Est pour se retrouver le 27 octobre devant Saint-Lys à 30 Kms au sud-ouest de Toulouse.
Tous ces hommes qui viennent de ravager l’Armagnac sont en droit de penser que leur course se termine là, au bord de la Garonne et de l’Ariège. Franchir ces 2 fleuves paraît impossible puisque tous les ponts, à l’exception de ceux de Toulouse, sont coupés.
Que nenni !
Le prince demande s’il existe un endroit où ses troupes pourraient traverser les deux fleuves. Il faut donc découvrir un gué. À quelques kilomètres en amont de Toulouse « par la grâce de Dieu, on le trouva ».
En outre, comme l’été a été très sec, le niveau de l’eau est assez bas pour permettre aux hommes et aux chevaux d’effectuer leur traversée sans trop de difficulté.
C’est ainsi que le 28 octobre 1355, ayant fait traverser à ses troupes la Garonne entre Roques et Pinsaguel puis l’Ariège à hauteur du futur village de Lacroix, le Prince Noir s’installe sur les collines de Falgarde.
Goyrans n’est pas nommé dans les récits de Froissart, mais il est tout à fait vraisemblable que les troupes en maraude du Prince Noir ont parcouru les alentours en pillant et brûlant les villages, les châteaux du voisinage ainsi que probablement le château primitif de Clermont le Fort. Les collines de Goyrans sont aux premières loges pour servir de campement à ces troupes. Les paysans, pauvres pour la plupart, et rarement propriétaires de leurs terres, sont d’autant plus prompts à la fuite qu’ils ne possèdent que peu de choses. Les pillards sont sans doute déçus de ce qu’ils trouvent dans les maisons abandonnées.
Leur appétit de vengeance n’a pas d’objet particulier à Falgarde, qui est terre d’Église et non de seigneur. Il n’en est pas de même à Pinsaguel où la famille des Isalguier est au service des rois de France ou à Auzil dont le fief appartient à Morlas, un lieutenant du roi Philippe VI. Le village de Falgarde est qualifié de « petit » par les chroniqueurs de Prince Noir. Il est sans doute pillé et mis à sac, peut-être certaines maisons sont-elles détruites.
Le Prince Noir raconte lui même dans une lettre à un évêque anglais « qu’il ne passait nulle journée sans que de bonnes villes et forteresses ne fussent brûlées ou détruites par chacune de ses batailles » (son armée est divisée en 3 groupes, chaque groupe étant appelé « bataille »).
Le Prince Noir est peut-être logé dans un château lors de son étape à Falgarde. Il ne peut s’agir alors que d’un château situé sur les hauteurs. En aucun cas, il ne serait descendu au village de Lacroix qui n’est mentionné par aucun chroniqueur et n’existe peut-être pas encore. D’autre part, ayant connu un incendie dans une maison où il était hébergé lors d’une précédente campagne, le Prince Noir avait, selon la tradition orale, pour habitude de coucher, de préférence, en plein air.
Froissart, qui a recueilli les souvenirs personnels du Prince Noir, précise que le Prince campe à Falgarde dans un beau vignoble, probablement sur le versant méridional exposé en plein soleil.
L’étape suivante est Montgiscard dont la population est massacrée, après que Castanet soit brûlé au passage. Il en est de même pour Baziège, Castelnaudary, la ville basse de Carcassonne et les faubourgs de Narbonne que le Prince atteint le 11 novembre. Le Prince Noir ne va pas s’enraciner devant Narbonne qu’il n’a pas l’intention d’assiéger. L’hiver approchant, il renonce à poursuivre sa chevauchée un peu avant Béziers et revient à Bordeaux en suivant un autre itinéraire.
Epilogue
Pendant 2 mois, des bords de la Gironde aux rives de la Méditerranée, le Prince Noir tient en échec l’armée du roi de France. Aucune grande bataille n’est livrée, mais les régions et les villes d’où le monarque français tire plus de la moitié de ses subsides sont détruites.
Cette campagne, destinée à détruire méthodiquement les ressources de l’ennemi, est une « razzia de pirates affamés ».
Injustes et terribles pour ceux qui les subissent, les chevauchées des Anglo-Gascons ne dénotent cependant pas une cruauté particulière, elles appartiennent aux mœurs du quatorzième siècle. Les us et coutumes de cette époque de transition entre la fin du Moyen Âge et l’aube de la Renaissance ne sont pas tendres ! La vie a perdu contre la mort, mais la mémoire a gagné dans son combat contre le néant.

Gisant du Prince Noir, cathédrale de Canterbury