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Histoire de Goyrans

La fontaine miraculeuse Saint Jean-Baptiste de GOYRANS

8 avril 2022
La fontaine en 1895

Campé aux portes de Toulouse, sur la prolongation des coteaux de Pech David, et possédant une perspective telle qu’il en existe bien peu dans d’autres départements, le petit village de Goyrans a la chance de receler un modeste oratoire : la fontaine miraculeuse de Saint Jean Baptiste.

Qui pourrait deviner que se tapit, au fond d’une allée de 60 m environ sur 4 m bordée de frênes, chênes et arbrisseaux divers, un petit édifice précédé d’un ancien abreuvoir ?

Situé à quelques minutes de la place des marronniers en descendant par le chemin de terre de la côte du Bugat, à la limite des champs labourés, on aperçoit sur la gauche un petit bâtiment en briques foraines, où naît une source.

Cette source est à l’origine du choix de Saint Jean-Baptiste comme patron de l’église paroissiale. On sait que les sources, lieux vénérés du paganisme, furent en priorité christianisées.

Cet édicule fait non seulement partie du patrimoine foncier communal, mais encore d’un des nombreux éléments du patrimoine de notre pays.

Tout cela contribue à faire de n’importe quelle promenade en France un véritable enchantement.

L’histoire de cet humble monument  nous est connue grâce à ma trisaïeule Marguerite Loubet qui détenait un livret de 46 pages  transmis de génération en génération. Cet opuscule, imprimé en 1898, s’intitule « La dévotion à Saint Jean Baptiste à Goyrans ». L’auteur en est François Viraben, curé de Goyrans à cette époque.

Les preuves de l’ancienneté, essentiellement par la tradition orale.

Il est de tradition constante et de temps immémorial qu’il y avait autrefois à Goyrans une fontaine dite miraculeuse. Celle-ci est mentionnée sur le cadastre napoléonien de 1807 qui indique  un terrain communal d’une  surface de 2 a 32 ca avec un chemin s’élargissant à mesure que l’on approche de la fontaine de manière à former tout en haut, un grand demi-cercle.

Or nous savons que le cadastre napoléonien a été établi en s’inspirant des vieux compoix et livres terriers de l’Ancien Régime, ce qui pourrait prouver l’ancienneté de la fontaine sans cependant fournir une date certaine.

Vers 1820, du vivant de monsieur l’abbé Izard, curé des paroisses d’Aureville et  Goyrans de 1814 à 1850, et de monsieur Joseph Niel, maire de Goyrans, cette fontaine est très en honneur dans la contrée.  En effet, ses eaux jouissent de la vertu de guérir du « mal de Saint Jean » et des processions y sont organisées, notamment la veille de la Saint Jean Baptiste, le 23 juin.

Hélas, après des décennies d’abandon, entièrement comblée par les terres que le temps y avait accumulées et obstruée par les ronces et les épineux qui avaient poussé tout autour, cette fontaine n’existait plus que de nom et se trouvait réduite à un mince filet d’eau.

Sur la foi des témoignages précis et formels des habitants du village et en particulier de Jeanne Berjeaud née Boulouch, Pierre Albouy et Catherine Goudillon née Déjean,  et voulant en avoir le cœur net, l’abbé Viraben décide en octobre 1893, d’organiser  des fouilles.

Et là, contre toute attente, par la « grâce de Dieu », on trouve, à 1 m environ au- dessous du sol, un bassin rectangulaire en briques rouges  d’une profondeur de 4 m.

Aussitôt, sous l’impulsion du curé de la paroisse et grâce aux dons de pieux fidèles, les travaux de reconstruction débutent en 1894 et sont terminés en 1895.

Les dépenses s’élèvent à la somme de 3000 francs.

Un petit bâtiment, entièrement en briques foraines et surmonté d’une croix en fer s’éleve désormais à plus de 4 m au dessus du sol. Il dispose d’une ouverture dotée  d’un arc de briques en plein cintre. Au milieu du pignon, une petite niche est destinée à recevoir la statue du Saint aujourd’hui disparue.

En se penchant, on aperçoit l’eau claire à peu de distance qui autrefois s’écoulait dans la petite vasque de pierre accolée au bas de l’édifice.

Le mal de Saint Jean, « qu’es aquò » et avons-nous des témoignages de guérison ?

On parle du « mal de Saint Jean » pour les personnes atteintes d’abcès et tumeurs. Mais on peut aussi invoquer le Saint pour les jeunes mères qui attendent leur délivrance.

Pour demander la guérison, le rituel est très codifié :

Les malades doivent faire une « Neuvaine » ou un « Triduum » en l’honneur de Saint Jean. Ils sont tenus de  réciter la prière spéciale pour Saint Jean Baptiste, avec le chapelet, auquel on ajoute après chaque dizaine et par trois fois l’invocation suivante :

« Saint Jean Baptiste, priez pour nous ».

Une neuvaine correspond à l’espace de 9 jours consécutifs pendant lesquels on fait divers actes de dévotion ou des prières en l’honneur d’un saint pour implorer son secours.

Un triduum consiste à dire des prières  pendant 3 jours.

En même temps, les malades se frottent avec de l’eau de la fontaine miraculeuse ou selon un autre usage avec du vin béni dans lequel on aura mis de l’eau de la fontaine.

Les malades qui ne veulent  pas faire de neuvaine ni de triduum peuvent se contenter de la récitation d’un chapelet avec les 3 invocations prescrites.

Les témoignages :

La plupart de ces dévotions n’ont généralement d’autre base que la tradition.

Qui a vu les faits sur lesquels reposent ces dévotions ?

Qui les a constatés ?

Où en sont les preuves et les témoignages ?

À Goyrans, les témoignages adressés au curé de l’époque par des habitants du village et des villages voisins sont  consignés sur un registre qui se trouvait à la sacristie.

Nous nous contentons d’en citer quelques uns :

Monsieur le curé, souffrant depuis de longues années d’un mal très violent à la main droite et m’étant lavé avec l’eau de la fontaine de Saint Jean, la douleur a aussitôt diminué et depuis le mal a presque disparu. J’en remercie Dieu et notre saint patron qui m’a obtenu cette guérison.     LOUBET Goyrans 1° mai 1894

Monsieur le curé, c’est avec les sentiments de la plus vive reconnaissance à l’égard de Saint Jean que je viens attester ma complète guérison. Atteinte d’un abcès qui avait gagné toute la partie du bras gauche et après des souffrances intolérables, je me suis lavée avec de l’eau de la fontaine de Saint Jean et peu après, l’abcès s’est percé. J’ai continué à me laver avec cette eau et à son tour la plaie s’est cicatrisée. Que Dieu en soit loué et aussi notre saint patron.     GOUDILLON  Goyrans 15 août 1894

Monsieur l’abbé, affligée d’un mal violent à la joue et persuadée que c’était le mal de Saint Jean,  j’ai fait dire une messe et bénir du vin sous l’invocation du Précurseur.  Le mal persistant,  je me suis rendue à Goyrans où j’ai donné une modeste offrande à Saint Jean,  pris une bouteille d’eau à la fontaine,  avec laquelle je me suis lavée la joue et l’enflure a disparu. Gloire et reconnaissance à Saint Jean Baptiste.     Bernadette LANTA Labarthe 1° octobre 1895

Les processions :

Avec la reconstruction de l’oratoire, les processions abandonnées depuis des décennies reprennent de plus belles.

Tous les organes régionaux de la presse catholique de l’époque, Le Messager de Toulouse,  La Croix du Midi,  L’Express du Midi et La Semaine Catholique de Toulouse prêtent leur concours et sous leur impulsion, les pèlerinages s’organisent.

Les pèlerins viennent non seulement de Goyrans et des villages voisins mais aussi de Toulouse. À partir de 1895, indépendamment des communautés religieuses et des paroisses qui peuvent venir en dévotion,  il y a tous les ans un pèlerinage de la ville de Toulouse à Goyrans. Le départ s’effectue au 46 allée Saint Etienne à 7 h du matin. Le prix des places est de  1 Fr pour les enfants jusqu’à 10 ans et de 1 Fr 50 pour les plus âgés.

Ce pèlerinage annuel reste fixé au dimanche précédant la fête du saint ou au dimanche si celle-ci tombe  ce jour là.

Pendant ces processions, les participants chantent notamment les deux cantiques composés, paroles et musiques, par l’abbé Viraben.

Le refrain du 1° cantique doit  être interprété en « tempo di marcia risoluto » tandis que les couplets sont « andante ». Voici l’un de ces couplets :

Que Goyrans te vénère et proclame ton nom

Qu’il devienne à jamais un foyer de prières

Et que l’eau de ta source, ô notre saint patron

En ranimant la foi, soulage nos misères.

126 ans plus tard,  ce simple édifice religieux,  symbole d’une époque et d’une  foi

« celle  du charbonnier » est toujours debout au fond de son allée. Il a bien l’intention de continuer à faire face aux assauts répétés du vent d’autan «  que bufo un cop cado més ». Cependant, il mériterait grandement d’être rénové et ses abords aménagés.

Michel RUFFIE

Au XIX° siècle, presbytère ou école, la Mairie de Goyrans a choisi

26 mars 2022

La question scolaire après la Révolution :

Au début du XIX° siècle, très peu de communes rurales possèdent une école. L’enseignement primaire est assuré en grande partie par les Frères des Écoles Chrétiennes et l’enseignement secondaire par les Jésuites.

Sous Louis-Philippe Ier, en 1833, la loi Guizot sur l’enseignement primaire fait obligation à toutes les communes d’entretenir une école, payante pour les enfants fortunés, gratuites pour les enfants indigents désignés par le conseil municipal.

L’entretien d’une école est soumis à la volonté de la commune ou du curé qui recherchent, embauchent et logent un instituteur, s’ils le jugent utile. Peu à peu, l’instruction primaire s’organise au niveau national et les écoles primaires se multiplient. Elles deviennent l’enjeu de luttes d’influence entre le pouvoir municipal et l’Église jusqu’à ce que les lois scolaires de la troisième République instaurent, en 1881, l’École laïque, gratuite et obligatoire.

Un problème se pose à Goyrans, le village étant à la fois trop peu peuplé et trop dispersé ; en 1881, il y avait 181 habitants.

En effet, il est  compliqué de regrouper en un point quelconque de la commune un nombre suffisant d’élèves pour assurer l’existence d’un maître ; aussi, les enfants fréquentent les écoles du voisinage et essentiellement celle de Lacroix-Falgarde.

Les petits Goyranais s’y rendent jusqu’en 1886, date d’ouverture de l’école de Goyrans.

En 1844, les habitants de Goyrans font pression sur l’instituteur pour qu’il vienne faire la classe dans leur village 3 heures par jour, afin d’éviter aux enfants les inconvénients et la perte de temps du trajet à pied. Le conseil municipal de Lacroix-Falgarde s’élève contre une telle prétention et déclare que les enfants de Goyrans sont trop peu nombreux, qu’ils sont toujours venus à l’école de Lacroix-Falgarde et que, si l’instituteur fait la classe à Goyrans, ce sera au détriment  des enfants de Lacroix-Falgarde.

Dès 1860 environ, il existe à Lacroix-Falgarde une école privée de filles qui, elle aussi, attire des filles de Goyrans.

Cette école est tenue par une sœur de la congrégation de la Sainte Famille de Nazareth, dont la maison-mère est à Besançon et qui fonde en 1855 un établissement au Plan, petit village des environs de Cazères, dans l’arrondissement de Muret. Les sœurs institutrices reçoivent  un enseignement au Plan, avant d’être envoyées dans d’autres villages, sur demande du curé, pour y instruire les filles de la campagne. C’est ainsi que la sœur Marthe Juvenel arrive à Lacroix-Falgarde vers 1860. En 1865, elle reçoit pour la première fois une subvention de la municipalité, ce qui lui permet de recevoir gratuitement 4 filles pauvres. Cette institution perdure jusqu’en 1881.

À cette époque, l’atmosphère n’est pas à la tolérance envers les institutions religieuses. Dès ses débuts, l’école privée de filles de Lacroix est soutenue par les châtelains. Ce sont eux qui lui fournissent un bâtiment, situé au grand chemin de Toulouse (soit à l’actuel 39 avenue des Pyrénées), presqu’en face du presbytère. On ne sait pas quel enseignement y est dispensé mais l’un des prétextes de la municipalité pour la fermer en 1881 est  que l’instruction y est  de mauvaise qualité. En ces temps de luttes idéologiques entre républicains anticléricaux et congrégations religieuses enseignantes au sujet de l’école, il est probable que ce jugement n’était pas très objectif. La tradition orale rapporte en tout cas que la discipline y était très sévère : une des punitions consistait à se mettre à genoux sur des grains de maïs, selon le témoignage de ma trisaïeule Marguerite Loubet, de Goyrans, qui fréquentait cette école.

Naissance de l’école de Goyrans

Dans sa monographie succincte sur la commune de Goyrans (8 pages seulement)  datant de 1885, Monsieur Dumas, instituteur à Lacroix-Falgarde et également auteur d’une monographie de ce village (63 pages) accorde une petite place à l’histoire de l’école de Goyrans. On y apprend que :

« les enfants de l’école de Goyrans reçoivent l’instruction depuis fort longtemps dans les écoles des communes de Lacroix-Falgarde et d’Aureville ; il y a peu de jeunes gens de l’âge de 25 ans qui ne sachent lire, écrire et compter. En 1884, il n’y a pas eu de conscrits illettrés ni de conjoints qui n’aient su signer leurs noms sur leur acte de mariage.

À l’avenir, l’instruction fera plus de progrès dans la commune, une magnifique maison d’école étant en ce moment, en voie de construction sur la place publique, à portée de tous les enfants en âge de pouvoir la fréquenter. On espère que cette construction sera terminée avant le mois d’octobre prochain et qu’un instituteur y sera installé à la rentrée qui suivra les vacances prochaines ! »

Construction d’une école ou d’un presbytère ?

Nous voilà enfin arrivés au cœur du dilemme !

Pour bien comprendre la situation, il faut rappeler la zizanie religieuse existant entre les 2 paroisses de Goyrans et d’Aureville. Du Moyen Âge à la Révolution, Goyrans est l’annexe de la paroisse d’Aureville, les 2 communautés ayant le même curé. Cela signifie que les décisions concernant les églises ou les presbytères sont prises dans des assemblées communes. Quand un différend survient, la séparation des 2 paroisses est réclamée, d’où l’apparition de multiples conflits entre les 2 collectivités.

Pour obtenir leur propre curé desservant, vers le milieu du XIX°, les Goyranais recueillent des témoignages attestant que la commune a eu pendant quelques années un curé indépendant : la pétition recueille 28 signatures. Par conséquent, il est important d’avoir un presbytère pour y loger un prêtre.

Or, à la même époque, en 1851, la municipalité demande à l’architecte Jean-Jacques Esquié de faire le plan d’une maison d’école adossée au mur nord de l’église. Pour ce faire le maire, Raymond Malidat, obtient une subvention de 300 Frs du ministère de l’instruction publique.

L’affaire est rondement menée et la construction est achevée en 1852.

Mais la difficulté va surgir quand Monsieur Massot est nommé en 1853 curé résidant à Goyrans. Ni une, ni deux la municipalité décide d’utiliser ce nouveau bâtiment comme  … presbytère !

Ecole devenue un presbytère

Adieu école, instruction publique, instituteur, élèves….

La subvention est détournée et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Pas tout à fait !  Le recteur d’académie finit par réagir et adresse une lettre au préfet le 7 octobre 1859  dans laquelle il se plaint du mauvais accueil reçu par l’institutrice qu’il vient de nommer :

« ces jours-ci, j’y ai envoyé une institutrice pour emplir les fonctions d’instituteur communal. Monsieur le Maire l’a fort mal traitée de paroles et lui a dit qu’il ne voulait ni instituteur, ni institutrice… En conséquence de ces procédés violents et arbitraires, j’ai l’honneur de vous prier de mettre, M. le maire de cette commune, premièrement en demeure de rendre le local de l’école ou d’en fournir un autre avec logement, deuxièmement de l’inviter à installer l’institutrice que j’y ai nommée. »

Finalement, la municipalité et son maire Jean Delmas vont se résoudre à la construction d’une maison d’école séparée mais celle-ci n’est ouverte qu’en 1886 !

135 ans plus tard, elle occupe toujours la place d’honneur au centre du village.

Ecole créé en 1886

Épilogue

Ce long et tumultueux conflit s’est déroulé pendant une période de laïcisation importante de l’État et du pays en général.

La place de l’Église dans la société est au centre du débat politique et à l’origine du principal clivage entre cléricaux et anticléricaux pendant cette période de la III° République. Le cas de Goyrans n’est certainement pas unique et c’est une accumulation de petits conflits locaux de cette nature qui alimente, en partie, l’anticléricalisme de la plupart des parlementaires républicains qui finissent par l’emporter en 1905 avec la  loi de séparation de l’Église et de l’État.

Les grands progrès accomplis dans le domaine de l’enseignement pendant le XIX°  siècle ont porté leurs fruits avant que l’école ne devienne obligatoire, ce qui laisse à penser que les lois scolaires de Jules Ferry votées en 1881 et 1882 n’ont fait que légaliser un état de fait préexistant : en effet, la loi Guizot de 1833 rendant obligatoire l’entretien d’une école dans chaque commune a engendré le progrès le plus significatif.

L’importance de l’école dans la formation des citoyens n’a cessé de croître en devenant un enjeu politique de première importance.

Michel RUFFIE

Quelques éléments sur la découverte du blason de Goyrans

6 janvier 2022

Il y a 92 ans, à Castanet Tolosan un « Grand Concours Agricole Départemental » est organisé les 27, 28 et 29 septembre 1929 sous la présidence effective du ministre de l’agriculture et le haut patronage du conseil général, de divers organismes agricoles ainsi que de M. le docteur Delherm, conseiller général et maire d’Auzeville.

À cette occasion, on publie un opuscule de 75 pages, intitulé : « Un canton languedocien: Castanet-Tolosan ».

Cette plaquette commémorative est définie comme une étude « géographique, historique, touristique, agricole » par son auteur Danton Cazelles.

Cet auteur nous intéresse à plus d’un titre.

Il naquit dans l’Hérault en 1867 et mourut à Toulouse en 1961. Il est à la fois écrivain, poète occitan et érudit passionné par l’histoire du Languedoc.

Il fut aussi majoral du Félibrige.

Le Félibrige est une association qui œuvre dans un but de sauvegarde et de promotion de la langue, de la culture et de tout ce qui constitue l’identité des pays de langue d’oc.

Ce grand mouvement de revendication identitaire, fut fondé en 1854 par 7 jeunes poètes provençaux avec, à leur tête, Frédéric Mistral qui obtient le prix Nobel de littérature en 1904 pour son œuvre « Mireille » écrite en langue d’oc.

L’emblème du Félibrige est une étoile à 7 branches. Son hymne « La Coupo Santo » est devenu l’hymne de l’ensemble des pays d’Oc.

Pendant près de 30 ans, Danton Cazelles  est instituteur à Castanet.

C’est lui qui fait admettre aux autorités publiques, que le terme « Tolosan » soit associé à celui de Castanet et un décret de 1922 lui donne satisfaction.

Tout cela démontre le sérieux de son étude !

L’ouvrage qui nous concerne présente chaque commune  et se termine par plusieurs dossiers généraux consacrés au canton.

Grâce à ce petit livret, le blason de Goyrans est visible à deux reprises sur la couverture, avec les blasons des autres communes, puis avant le chapitre consacré à Goyrans . Il représente un lion noir dressé sur ses pattes arrière sur fond jaune ou en utilisant la terminologie héraldique : «  d’or au lion de sable  ».

Ayant découvert cette brochure, Francis Barthès, ancien maire du village, remet à l’honneur notre blason sur les plaques indiquant le nom des chemins et sur les divers documents de la  mairie.

L’origine de ce blason est plus obscure et devra faire l’objet d’une étude plus approfondie. Il est permis de supposer que ces armes sont celles d’une ancienne famille seigneuriale au XIII° siècle : les « de Goirons » ou «  de Goyrans ».

La partie se rapportant à notre commune nous donne plusieurs indications intéressantes et pittoresques :

Population : 138 habitants

Fête Locale : 24 Juin (Pour la St. Jean Baptiste patron de la paroisse)

Maire : Arpizou,  adjoint : Milhès.

Secrétaire de Mairie : Mme Dupont, institutrice (école mixte)

Curé : Labit, desservant à Clermont.

T.S.F. : 3 postes : 1 à l’école, 1 chez le forgeron et 1 chez M.Bigot

Un café : M.Crouzilles, épicier-mercier

Forgeron : M.Morelis (arrière grand-père de Mme Arlette Jean)

Médecin : Docteur Dubois à Venerque


Agriculture :

Superficie de la commune :  569 hectares en terrain argilo-calcaire, sauf lieu-dit le moulin en terrain siliceux

80 ha en blé ; 20 ha en avoine ; 10 ha en orge et 30 ha en maïs

Vignes : 7,5 ha

15 charrues Brabant ; 30 herses ; 15 houes ; 1 tracteur ; 1 pulvérisateur à bât 

10 moissonneuses lieuses ; 15 faucheuses ; 2 semoirs ; 2 machines à battre 

Ovins : 130 ; bovins : 17

Bœufs de travail : 22 paires


Métairies :                     Propriétaires ou fermiers       Lieux-dits

Badel                             Troy

Dille                              Arpizou

Fontpeyre                      Baruthel

La Roque                       Bigot

Métairie d’en bas            Bigot

Négri                             Bigot

Le Père                                                                          Couydoux

Saint-Martin                   Tertre                                       Marty

Le moulin                      Tertre                                      

Panteville                       Paris

La petite Borde              Pradel                                      Le village

Château                         Delmas                                 

  

L’Alambic

6 janvier 2022

Nous nous intéressons cette fois à la mémoire récente du village en faisant revivre un instant l’alambic de Goyrans, instrument aujourd’hui disparu, mais dont les anciens ont gardé le souvenir*. A quoi ressemblait-il ? Où était-il situé ? Comment a-t-il fini ? Amis Goyranais, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur notre alambic vous est aujourd’hui révélé.

Comme à peu près toutes les communes de la région, Goyrans était naguère largement
couverte de vignes. L’existence de lieudits « la Vignasse » et « vigno blanco » (au sud du
chemin des Crêtes, coté Lacroix-Falgarde) atteste assurément de la présence de vignes. On en
trouvait alors autours de toutes les fermes. C’est ce que traduit la belle expression de madame
Jean :

« Comme on avait un cochon, on avait une vigne »

Nous allons relater ici la distillation de l’alcool car Goyrans avait son alambic ! Au début du XXe
siècle, une loi oblige les communes à mettre un local public à la disposition de tous les
habitants destiné à la distillation des produits agricoles, afin que les particuliers ne puissent
plus se soustraire à la surveillance de la régie. En réponse à cette loi, le conseil municipal de
Goyrans du 26 juin 1905 prend la décision suivante :

« Le conseil émet le vœu qu’il n’y ait pas lieu de désigner de local, pour le moment du
moins, pour la distillation des produits agricoles »

Ce qui est intéressant dans cette décision est l’utilisation de l’argument suivant :

« Il n’y a jamais eu dans la commune d’alambic »

Ainsi donc, les goyranais ne distilleraient pas !?

Si le vin produit était à l’époque partagé entre le propriétaire et l’exploitant de la vigne,
l’alcool était réservé à la consommation du seul vigneron. Après avoir pressé le raisin, le
résidu (« moult ») était placé dans des caisses rondes, en bois : les « comportes ». Elles étaient
faites à partir de « barriques bordelaises » de 200 litres, coupées en deux.

On recouvrait ce précieux moult d’une fine couche de terre, pour éviter qu’il ne sèche… en
attendant le passage à l’alambic.

Jusque dans les années 50, c’est avec une charrette tirée par des bœufs qu’on transportait les
comportes sur le lieu de distillation, toujours situé près d’un court d’eau (le plus souvent,
c’était à Venerque). Voici un dessin de l’étrange machine, fruit des souvenirs émus de Mr.
Faur :


Il était constitué d’une chaudière ronde au dessus de laquelle se trouvait une cuve en
cuivre surmontée d’un couvercle terminé par un tuyau avec serpentins (tout cela en
cuivre) qui venaient plonger dans une cuve remplie d’eau où se condensait l’alcool. On
notera que l’alambic était ambulant.

L’eau de vie était recueillie dans une bombonne que les utilisateurs portaient
précieusement. « Quand ils portaient ça, on aurait dit qu’ils portaient le Bon Dieu » se
souvient Mme Bastide. C’est qu’on avait droit à 20 litres par exploitant (pas plus), le surplus
étant lourdement taxé. Cependant, il arrivait qu’on distillât plus d’alcool que les 20 litres
autorisés. Certains assurent que dans les buissons de Venerque, il était possible de trouver des
bonbonnes savamment dissimulées.

L’alcool produit était destiné à la consommation familiale. « On ne prenait pas le café sans un
petit peu d’eau de vie
« , raconte Mr Faur, lorsqu’on recevait un visiteur ». Pendant les années
de guerre, le précieux liquide servit même de monnaie d’échange auprès des marchands de la
ville qui passaient au village. Illustrons ce point précis par une anecdote :

Les villageois disposaient de tickets « monnaie-matière » remis avec parcimonie par
les autorités de Castanet. Lors du passage à Goyrans d’un quincaillier de Toulouse,
une dame était intéressée par une casserole, mais n’avait pas de ticket. Le quincaillier
se montrait inflexible :

– « Et avec un peu de goutte ?« 

L’homme tendit l’oreille… et le marché fut conclu (un litre d’eau de vie pour une
casserole)

L’alambic était stationné à Goyrans, dans la métairie Saint-Martin, maison où a longtemps
habité Mme Sauliac. Il appartenait à un bouilleur de crû, Mr Mirouse, qui résidait à Saint-
Giron et se déplaçait avec sa femme, travaillant elle-même à l’alambic. On devait déclarer
toutes les sorties de la machine à la régie des alcools. Lorsque le sympathique artisan a pris sa
retraite, il a signalé à la régie que la distillation était terminée. L’alambic n’a donc plus quitté
sa grange. Qu’allait alors devenir ce magnifique instrument ? Car l’état, désireux de ne pas
soumettre nos concitoyens à la tentation, était taraudé par un doute : les Goyranais n’allaient-t-
ils pas finir par distiller en cachette ?

Un triste jour de la fin des années 70, Mr Faur a été mandé pour accompagner un contrôleur
des impôts à la métairie Saint-Martin. Il était alors conseiller municipal (élu le 26 mars 1977)
et représentait la mairie. Arrivé devant l’alambic, le contrôleur a forcé Mr Faur à le détruire
devant lui, la mort dans l’âme… à coups de pioche. Ainsi disparu le dernier représentant local
d’un savoir faire artisanal plusieurs fois séculaire.

NB : Le premier traité français consacré à « l’art de la distillation » daterait de 1311.

(Le Petit Goyranais – n° 20 – Mai 2011)

Histoire du village

6 janvier 2022

Ecrire une histoire de Goyrans, même succincte, est un travail de longue haleine. En attendant que ce texte sur l’histoire de notre village soit prêt, nous vous invitons à consulter ce qu’en dit Wikipédia et à vous régaler des petits morceaux d’histoire de Goyrans que sont les anecdotes occitanes et les chroniques de « l’opération mémoire ».

Nous pouvons tout de même donner l’origine du nom de Goyrans. Contrairement à ce que prétendent certaines brochures, rapprocher Goyrans de « goyre » (« buse » en languedocien) est totalement fantaisiste ! Michel Ruffié nous révèle que le nom de Goyrans est en réalité un anthroponyme dérivé du nom d’un seigneur local. Il est en effet très fréquent à l’époque de donner aux lieux le nom de leurs habitants. Or dans un document de 1255 concernant les limites des possessions des chanoines de Saint-Etienne, il est question d’un certain Pétrus Johannes de Goirons, qui résidait sur le territoire qui correspond aujourd’hui au village de Goyrans.

Le nom Goirons est d’origine germanique (Allemand). Les allemands ont en effet occupé la région avec les Wisigoths, à la chute de l’empire romain.

Affaire Nicolas Bacquiès

5 janvier 2022

Nous abordons cette fois un épisode très précis, situé en 1848, qui met en lumière un personnage méconnu de la commune : Nicolas Bacquiès. Qui était-il ? Pourquoi a-t-il fait irruption dans notre histoire locale ? C’est ce que nous* avons cherché à savoir. Nous sommes heureux de vous faire partager les résultats de nos investigations.

Le 19 mars 1848, le village de Goyrans est en fête et célèbre l’union de Jacques Fauré et de
Françoise Aspe. La surprise provient du certificat de mariage, rédigé par « nous, citoyen
président Bacquiès, officier de l’état civil
», qui se substitue au maire de la commune,
Raymond Malidat, 45 ans, pourtant élu le 15 octobre 1843.

Dans les semaines qui suivent, le mystérieux Nicolas Bacquiès (il n’est même pas conseiller
municipal) rédige de nouveaux actes officiels en temps que « officier de l’état civil » (le 6
juin) puis le conseil municipal du 4 juillet s’ouvre « sous la présidence du citoyen Bacquiès,
maire ». A cette occasion, le conseil a la composition suivante :

– Nicolas Bacquiès (maire)

– Raymond Malidat

– Pierre Laguens

– Martin-Auguste Lassus

– Bertrand Tourrier

De nouvelles élections municipales sont organisées en juillet 1848. Sont élus, dans l’ordre :
François Malidat (jeune), Demberge, Laguens, Raymond Malidat, Crouzade, Lafons, Nicolas
Bacquiès, Tourrier, Lassus, Lassus. Selon la tradition, le conseil procède à l’élection du
maire : Raymond Malidat (adjoint, Bertrand Tourrier). Nicolas Bacquiès assiste aux conseils
des 3 et 17 septembre, puis… il n’est plus jamais question de lui !

Que s’est-il passé ? Qui était le mystérieux maire Bacquiès ? Nous avons cherché à faire toute
la lumière sur cette ténébreuse affaire.

Replaçons d’abord la politique locale dans le contexte de l’époque. Si le conseil du 10 février
1848 s’ouvre « Au nom du roi des français », les suivants porteront désormais la mention de
« République française, au nom du peuple français ». Nous sommes en pleine révolution !
Louis-Philippe est renversé fin février et un gouvernement provisoire est mis en place. Après
les législatives d’avril, la nouvelle assemblée prononce la république en mai. Durant ces mois d’incertitude politique, il semble que dans tout le pays, les institutions en place soient remise en cause. A Goyrans, le maire Raymond Malidat est donc remplacé par un intérimaire : le citoyen Nicolas Bacquiès. Mais qui est ce mystérieux Bacquiès, qui s’est jusque là tenu à l’écart des affaires publiques et qui disparaitra peu après ?

En réalité, les municipaux le connaissent. Un an plus tôt (13 juin 1847), le maire Raymond
Malidat a invité les 30 personnes les plus imposées du village à assister à la séance du conseil.
Un seul a répondu présent : Nicolas Bacquiès. Il a 79 ans à l’époque. Une étude détaillée de
l’état civil nous révèle qu’il est le doyen de Goyrans, depuis 1839. Il est assez naturel qu’on
pense à le nommer maire intérimaire, dans cette période troublée, de par sa situation de
notable et de doyen de la commune. Après la stabilisation de la situation politique et élection
de juillet où il est élu, Nicolas Bacquiès assiste aux premiers conseils municipaux puis…
meurt, le 21 novembre 1848.

Non, notre concitoyen Nicolas Bacquiès n’était pas un usurpateur, et Goyrans doit le regarder
comme un de ses honorables enfants. Fils de Pierre Bacquiès et de Jeanne Carutet, il a été
notre doyen du 7 juillet 1839 au 21 novembre 1848 et a connu son petit moment de gloire
locale en occupant la fonction de maire, durant quelques mois, dans cette période agitée qui a
vu la France renoncer définitivement au principe de la royauté.